Florian est un super tireur français avec une curiosité d’ingénieur. Il a déjà gagné une coupe du monde de pistolet sport en junior. Dans cette interview il partage sincèrement pas mal des aspects techniques et mentales de sa façon de tirer. À lire et à suivre sur Instagram.
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Quand et comment avez-vous commencé le tir?
C’est une histoire de famille. C’est mon grand père qui faisait du tir. Il pratiquait le tir au pistolet et à la carabine et un jour et il m’a emmené à une journée portes ouvertes au club de tir. J’ai pu essayer la carabine, le pistolet et l’arbalète.
J’ai tout de suite a préféré le pistolet donc j’ai cherché un club de tir ouvert chez moi, à côté de chez mes parents et c’était le club de Tir National de Versailles. C’est un des plus grands stands de tir en France et on peut pratiquer les disciplines du 10 mètres jusqu’aux 300 mètres.
Il y avait une école de tir et j’ai pu commencer le tir à Versailles. J’avais 11 ans quand j’ai commencé.
Qu’est-ce que vous a poussé à vous y dédier plus sérieusement ? Comment était votre progression ?
Tout de suite je me suis quand même orienté vers la compétition. Je pense que c’était quelque chose qui était un petit peu en moi déjà, de participer et de se mesurer aux autres. Et puis, on avait une bonne équipe au club de Versailles. Ça m’a motivé à continuer. J’ai participé à mon premier championnat de France la deuxième année et puis, petit à petit, j’ai intégré des stages au niveau régional puis après par la suite au niveau national, et puis ça fait jusqu’à aujourd’hui en équipe de France. J’avais 12 ou 13 ans quand j’ai fait mon premier championnat national.
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre tir ?
De mon parcours, qui est plutôt intéressant, surtout dans mes années juniors. Un très beau parcours avec des médailles sur des championnats d’Europe au pistolet 25m, et puis une très belle médaille aux championnats du monde en 2010, où je termine champion du monde junior au pistolet 25m. Très beau souvenir et une très belle fierté pour moi.
Quel conseil a eu le plus d’impact sur votre tir ? Qui vous l’a donné ?
Je dirais pas qu’il y a eu vraiment un conseil qui m’a vraiment fait changer mon tir. Je pense que durant mes années juniors s’étaient beaucoup d’éléments techniques qui m’ont permis de beaucoup progresser et c’est vrai qu’aujourd’hui c’est plus une multiplication de petites choses qui font que je continue à m’améliorer, notamment sur le fait de se connaître mieux soi même, puisque je suis un petit peu là dessus en ce moment. C’est plus de petites choses qui se travaillent même au quotidien et pas forcément dans le milieu du tir qui sont vraiment utiles pour le tireur.
Aujourd’hui j’essaie de ressentir un peu mes sensations intérieures pendant le tir. C’est à dire ressentir mes muscles des pieds, ma stabilité, ressentir également au niveau des sensations au niveau du bras, du poignet, au verrouillage, pour ressentir mon corps au mieux. Se rapprocher vraiment du corps et après voir ce qui est intéressant à travailler, à renforcer pour pouvoir après améliorer le tireur en lui-même.
À quoi avez-vous consacré beaucoup de temps, qui ne s’est avéré important par la suite?
Je ne pense pas. Je pense que toutes les petites choses et tout ce que j’ai pu travailler a servi à un moment. C’est sûr qu’il y a peut-être des efforts qu’on a donné un peu plus, mais je pense qu’il n’y a rien qui est perdu et ça permet de d’avoir une réserve qui va nous servir à un moment ou un autre dans notre carrière de sport.
Comment vous entrainez-vous et combien de temps / jours ? À quoi ressemble un jour typique d’entraînement ? Est-ce que vous vous entraînez avec un coach ?
En dehors du confinement j’essaie de m’entraîner une fois par jour en semaine, donc ça fait 5 cinq entraînements par semaine. J’entraîne environ deux heures, deux heures et demi.
Je m’entraîne au centre national à Bordeaux, où est présent l’entraîneur national avec les autres tireurs aussi du collectif donc de beaucoup de jeunes. Ça permet aussi de ne pas être isolé, donc de s’entraîner à plusieurs, de faire des challenges et de garder une certaine motivation présente.
Tout au long de l’année je vais varier un petit peu aussi les entraînements. Au début de saison ça va être plutôt sur du travail technique et du physique global et, petit à petit- comme les compétitions après arrivent assez rapidement et les premières coupes du monde sont en février- on va arriver sur plus des situations match et de la préparation de l’adaptation, en variant la lumière la musique… Des choses comme ça pour se rapprocher plus de l’esprit de la compétition.
Comment faites-vous pour rester motivé lors des entraînements et des compétitions ?
Justement de varier les exercices, varier les situations, de par l’éclairage, la musique, etc. Mais c’est vrai que c’est important de pouvoir se mesurer toujours à quelqu’un parce que ça motive. On n’a pas le même comportement quand il y a quelqu’un à côté qui essayent de nous battre quand on est tout seul, on manque un petit quelque chose.
Qu’est-ce que vous faites avant un match ou un entraînement pour être dans un bon état d’esprit et pour gérer le stress ?
Ça se passe par une routine. Donc l’échauffement musculaire avec les épaules, les bras… Ensuite je vais relire mes notes par rapport aux entraînements de la veille pour les compétitions et essayer de remémorer les éléments clés qui était efficace à cet entraînement et qui vont guider le jour de la compétition. Ça me permet de vraiment me concentrer sur sur les éléments efficaces.
Et après le jour même de la compétition, quand je suis à mon poste, je me focalise sur sur les jambes et sur les pieds pour essayer de ressentir la stabilité en fermant les yeux. À chaque fois que je reviens en place sur mon poste de tir je mets en place cette petite routine là pour vraiment ressentir mon corps et ma position, et pouvoir après rebasculer sur le tir en lui même.
C’est un peu comme la pleine conscience. C’est quelque chose de nouveau que j’essaie de travailler depuis quelques mois. Je suis accompagné par un préparateur mental depuis quelques mois et on essaie de trouver des moyens qui permettent de se recentrer sur soi pour évacuer le stress qui peut y avoir notamment en début de match.
Quel aspect de votre technique de tir vous a aidé le plus à vous améliorer ? Comment recommanderiez-vous aux tireurs de le travailler ?
Un travail du lâcher et surtout par rapport à la coordination que je mets en place, parce que moi j’attaque la cible par en bas. Je monte quand même au dessus de la cible avant, puis je descend en dessous, et je remonte tout doucement. C’est là où je commence à appuyer et ma coordination est très importante pour avoir un bon départ du coup. C’est très, très fin. Je stabilise et le coût part presque instantanément.
Sur quoi recommanderiez-vous aux tireurs de se concentrer pour s’améliorer? Comment devraient-ils faire pour le travailler? Pouvez-vous partager une routine ou un exercice pour le travailler ?
Chaque tireur est différent de part de sa personnalité, mais je pense que ce qui est le plus important c’est de se connaître soi-même, savoir comment on fonctionne pour anticiper les émotions qui peuvent arriver en match, donc ne pas s’énerver, rester calme, travailler sur sa respiration.
Comme chaque personne est différente il n’y a pas vraiment d’exercice clé. Ça va être un petit peu de trouver ce qui nous convient plus. Je sais que cet ancrage au sol est pour moi et c’est important et me parle vraiment. J’essaie de travailler un petit peu sur la respiration et aujourd’hui ce sont des choses qui sont un petit peu plus difficiles pour moi que j’écarte ou pas pour le moment. Je pense que c’est de se connaître soi même qui est le plus important.
Comment est votre séquence de tir ?
Au début c’est un contrôle de mon corps: je vérifie que ma position soit bonne, que je sois relâché notamment au niveau des épaules. Ensuite je retourne la tête en direction de la cible. Là je commence à tendre mon bras et un contrôle au niveau du serrage de la crosse. Je monte au dessus de la cible et je redescend doucement. Une fois que je suis arrivé à mon point bas je remonte très lentement et là, en même temps, je commence à appuyer sur la détente. Et le moment où je vais venir stabiliser c’est le moment où le coup va partir. C’est en quelque sorte une entonnoir vers lequel je vais tendre et quand je vais arriver dans cette zone là le coup le coup part dans la seconde.
Sans quel outil ou équipement vous ne pouvez pas vivre ?
Je n’ai pas changé beaucoup d’équipement tout au long de la carrière de tir, à part peut-être l’arme dernièrement, mais il y a un élément que j’ai depuis très longtemps: c’est mon petit support aux armes. En fait c’est un support de cible 25 mètres que j’ai récupéré. C’est vrai que je m’en sépare pas depuis très longtemps. Il est très vieux. C’est une petite histoire et je l’avais notamment au championnats du monde à Munich en 2010.
Quelle question auriez-vous voulu que je vous pose et quelle est votre réponse ?
Peut-être quels livres ou films m’ont inspirés le plus ou apporté le plus. J’ai lu il y a pas si longtemps qui s’appelle Kilomètre Zéro (lien Amazon affiliate) qui est un petit peu dans cet esprit de se connaître mieux soi même et qui nous fait, je pense, découvrir le monde d’une autre façon, sous un autre un autre œil. J’ai trouvé ce livre intéressant.
Qui d’autre devrais-je interviewer ?
Je pense que ce qui peut être intéressant et c’est d’interviewer les coaches. On a le point de vue du tireur mais ça peut être intéressant d’avoir le point de vue de l’entraîneur. Il y a deux de grands exemples: Jelena Arunovic et Daniel Goberville, le père de Céline.