Sandrine est un championne française du pistolet qui en plus de ses entraînements et son travail assure la direction de la ASTIR Creil comme présidente (impressionnant…). Elle fais parti des Goberville, une famille très soudé et passionnée pour le tir dont on à déjà interviewé son père Daniel et sa sœur Céline.
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Quand et comment avez-vous commencé le tir?
J’ai commencé le tir à l’âge de six ans à la carabine avec mes parents qui étaient en équipe de France : mon père à la carabine et ma mère au pistolet. Je suis passée ensuite au pistolet en arrivant en catégorie minime car la carabine était trop lourde à porter pour moi !
Qu’est-ce que vous a poussé à vous y dédier plus sérieusement ? Comment était votre progression ?
Je me suis qualifiée aux championnats de France dès l’âge de six ans mais la FFTIR n’acceptait les qualifiés qu’à partir de l’âge de sept ans. La progression s’est faite assez rapidement, notamment lorsque je suis passée au pistolet. J’ai participé à des stages inter régionaux puis nationaux en cadette. J’ai eu la chance d’intégrer ensuite l’équipe de France dès 2001 ; j’avais alors 17 ans.
Une de mes motivations est de pouvoir pratiquer ce sport en famille. Avec Céline comme coéquipière et mon père comme entraîneur, l’émulation est juste naturelle. L’envie de me dépasser, de réussir, d’apprendre beaucoup de choses sur moi et mon fonctionnement, acquérir de nouvelles manières de penser et des stratégies innovantes pour performer, le plaisir de partir en compétition à travers le monde et d’y retrouver mes ami(e)s, tout cela fait que le tir est aujourd’hui important dans ma vie.
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre tir ?
La première chose qui me rend fière est la médaille d’argent de Céline aux JO de Londres en 2012.
Si la question concerne mon propre parcours… je dirais les titres de championne de France et les médailles européennes remportées par équipe.
Quel conseil a eu le plus d’impact sur votre tir ? Qui vous l’a donné ?
J’ai reçu de très nombreux conseils mais l’un deux a été déterminant : “change de pistolet”. Je suis passée du Feinwerkbau P34 au Morini CM162 EI et j’ai pu ainsi progresser à nouveau. C’est la personne en qui j’ai le plus confiance qui m’a donné ce conseil : mon père.
À quoi avez-vous consacré beaucoup de temps, qui ne s’est avéré important par la suite?
Durant ma carrière, j’ai eu la chance de ne pas suivre de mauvaise piste qui m’aurait fait perdre du temps. Je pense qu’en fait, tout est utile à un moment ou à un autre. Il n’y a jamais de perte de temps ou d’énergie si on considère que le simple fait de travailler quelque chose permet de progresser quoi qu’il en soit.
Comment vous entrainez-vous et combien de temps / jours ? À quoi ressemble un jour typique d’entraînement ? Est-ce que vous vous entraînez avec un coach ?
Je m’entraîne quatre demi-journées par semaine, dont trois en tir réel et une en tir à sec exclusivement. J’ai la chance de pratiquer ma passion avec mon père qui m’entraîne, ma sœur et ma belle-mère, qui tire avec nous et s’occupe en partie de notre préparation mentale.
Le reste du temps, je travaille au service des sports du Conseil départemental de l’Oise, une collectivité territoriale. J’ai une Convention d’Insertion Professionnelle qui me permet de travailler et de pratiquer le tir à haut niveau grâce à la FFTIR et la Direction Régionale qui compensent mon salaire lorsque je m’absente pour le tir.
Il y a également quatre heures de préparation physique par semaine (renforcement musculaire et cardio) ainsi que de la préparation mentale six jours sur sept.
Comment faites-vous pour rester motivé lors des entraînements et des compétitions ?
C’est en cultivant la variété (dans les exercices, les consignes, etc.) et en s’écoutant que je reste motivée, à l’entraînement comme en compétition.
Qu’est-ce que vous faites avant un match ou un entraînement pour être dans un bon état d’esprit ?
Je fais régulièrement de la méditation pour aborder les épreuves dans un état d’esprit serein.
Comment gérez-vous le stress lors d’une compétition ? Pouvez-vous donner un exemple de technique que vous utilisez quand les choses ne vont pas bien?
Lorsque je sens que je perds pied, j’utilise la cohérence cardiaque, une technique de respiration qui me permet de retrouver rapidement toute la lucidité nécessaire.
Quel aspect de votre technique de tir vous a aidé le plus à vous améliorer ? Comment recommanderiez-vous aux tireurs de le travailler ?
A vrai dire, ce n’est pas la technique qui m’a permise de progresser de manière significative. Certes le travail technique de fond que j’abats depuis 20 ans me sert énormément aujourd’hui. Je suis une grande adepte de la qualité du lâcher en continuité. Mais c’est la partie mentale qui a été davantage déterminante : j’ai appris à rester concentrée sur le moment présent et à lâcher prise pour laisser fonctionner mes automatismes.
Sur quoi recommanderiez-vous aux tireurs de se concentrer pour s’améliorer? Comment devraient-ils faire pour le travailler? Pouvez-vous partager une routine ou un exercice pour le travailler ?
Comme expliqué dans la question précédente, je pense que l’aspect mental est prépondérant dans le tir. A très haut niveau, ce n’est pas la manière de tirer qui fait la différence : c’est la manière de penser.
La méditation de pleine conscience est un excellent exercice à pratiquer pour améliorer notre potentiel mental, de concentration sur l’instant présent. Il existe des livres et CD pour s’exercer (Christophe André* par exemple). Ce sont des séances à réaliser en plus de l’entraînement au pas de tir.
Comment est votre séquence de tir ?
Ma séquence de tir est assez basique ! Car ça ne sert à rien de se compliquer la vie en additionnant quantité d’éléments à respecter pour tirer un plomb : on perd de l’énergie pour rien car le principal, c’est de mettre le plomb au milieu, peu importe comment.
Alors oui je ne fais pas n’importe quoi et je respecte un cadre qui ressemble à cela :
- Avant de monter le bras, je me concentre sur le plomb que je vais tirer : quelle consigne je choisis et visualisation possible.
- Je monte le bras et redescends à vitesse constante jusqu’à arriver sous le noir ou je démarre l’action du doigt sans attendre d’avoir complètement stabilisé ma visée car c’est cet appui du doigt qui va créer ma stabilité.
- Je tiens ma zone visuelle en étant patiente jusqu’à ce que le coup parte.
- Je tiens après le départ du coup, j’annonce mon impact mentalement puis je redescends le bras et je regarde le résultat en cible.
Sans quel outil ou équipement vous ne pouvez pas vivre ?
Il y en a tellement ! Mon pistolet bien sûr ☺
Quelle question auriez-vous voulu que je vous pose et quelle est votre réponse ?
Quel est le tireur ou la tireuse qui t’inspire le plus ?
Pour ma part, il y en a plusieurs et je ne veux pas faire de jalouse, mais mon cœur balance entre Zorana Arunovic, Anna Korakaki et Olena Kostevych.
Qui d’autre devrais-je interviewer ?
Vitalina Batsarashkina.
* Lien partenaire Amazon.